Publié à l’origine comme «Do No Harm» dans le numéro de juillet/août 2016 de Faith Today. Réédité par permission. Traduction par François Godbout (Traductions Intersect Translations).
Imaginez avoir, depuis votre enfance, une passion pour aider les gens à guérir – un don, pourrait-on dire, pour guérir. Vous êtes fasciné par la médecine et le travail consistant à aider les gens à vivre en pleine santé.
Vous connaissez tous quelqu’un qui a cette passion – un parent, un ami ou peut-être vous-même.
Vous faites des études, vous suivez une formation et vous devenez infirmier, infirmière ou médecin. Imaginez ensuite qu’on vous infirme qu’aider les gens à se suicider fait maintenant partie de votre description de poste. Vous savez que cette tâche est diamétralement opposée à votre don et à votre vocation.
Vous percevez votre travail comme un acte d’adoration de Dieu et votre réponse à Son commandement d’aimer et de venir en aide aux malades et aux agonisants. Vous vous êtes engagé à « ne pas nuire », comme le veut le serment d’Hippocrate que vous avez prêté, mais on vous oblige maintenant à tuer.
Nous disons vivre dans une société libre. Pourtant, certains de nos concitoyens qui ont répondu à l’appel sur leur vie de guérir et de soigner les malades se font dire qu’ils doivent maintenant, s’ils veulent garder leur emploi, participer à la mise à mort de leurs patients.
L’Association médicale canadienne affirme que seulement environ un tiers de ses membres sont disposés à participer au suicide assisté
Certains se disent prêts à référer les gens à un autre professionnel disposé à tuer mais refusent de participer directement. Mais plusieurs de ceux qui s’opposent au suicide assisté et à l’euthanasie croient qu’ils ne devraient pas être obligés de fournir un transfert efficace. Selon eux, une telle pratique revient à rédiger une ordonnance pour la procédure.
Dans le domaine médical, une référence signifie que le médecin reconnaît que la procédure est dans le meilleur intérêt patient et en conformité de son engagement à « ne pas nuire ».
Aucun autre pays du monde qui permet le suicide assisté ou l’euthanasie n’exige la participation de ses professionnels de la santé.
L’AEC et d’autres groupes ont fait pression pour que de claires mesures soient mises en place pour protéger ceux qui refusent, pour des raisons de conscience ou de convictions religieuses, de participer au suicide assisté. Une coalition a été formée – la Coalition pour les soins de santé et la conscience – dans le seul but de protéger les libertés des professionnels et des établissements de santé.
Aucun autre pays du monde qui permet le suicide assisté ou l’euthanasie n’exige la participation de ses professionnels de la santé. Or, les autorités canadiennes résistent à l’idée d’offrir cette protection. Pourquoi?
Il existe des moyens éprouvés de permettre à des patients d’entrer en contact avec des praticiens disponibles tout en respectant la conscience de ceux qui s’y opposent. Des modèles ont été élaborés et proposés.
Mieux encore, le Parlement devrait assurer la protection en reconnaissant comme infraction au Code criminel toute coercition exercée sur une personne pour l’obliger à agir à l’encontre des ses croyances. Une mesure de protection pourrait également être inscrite dans la loi sur l’aide à la mort en précisant que la participation doit être volontaire.
Les parlementaires connaissent au moins un collège des médecins et chirurgiens (le plus important – celui de l’Ontario) qui a déjà commencé à obliger les objecteurs de conscience à fournir des références efficaces. Par ailleurs, toutes les tentatives de prévoir une forte protection ont échoué.
Certains feront valoir qu’il est plus simple et pratique d’obliger tout le monde à participer. Il est toujours plus facile de refuser de tenir compte de différences réelles.
Mais nous vivons dans une société pluraliste au plan religieux, société dans laquelle les libertés de certains entent en conflit avec les convictions de certains autres. Si ce n’est pas le cas, nous ne sommes plus une société pluraliste dans le vrai sens du mot et la notion de liberté est vide de sens.
Obliger quelqu’un à participer à la mise à mort d’un autre est incompatible avec la vie dans une société libre.
On peut se demander si l’entêtement à obliger les objecteurs de conscience pourrait révéler le motif plus profond de garantir et de solidifier ce changement radical en forçant ceux qui ne sont pas d’accord à capituler ou à partir. Plusieurs répugnent à participer à la mise à mort d’un patient. Par conséquent, on espère éroder la résistance en éliminant de la profession ceux qui s’y opposent le plus fortement et en faisant de tous les autres des complices. Si c’est vraiment mal, comment se fait-il que nous y participons tous?
Il semble inévitable que l’engagement à « ne pas nuire » ne sera plus le principe unificateur et le cri de ralliement de la médecine. Mais tolérera-t-on une pluralité d’opinions et d’approches au sein du système de soins de santé? Ou est-ce que ce qui est maintenant devenu légal dictera dorénavant la nouvelle moralité qui ne tolérera aucune dissension?
Au cours des siècles, la plupart des systèmes de soins de santé ont été animés par des croyances fondamentales en harmonie avec – sinon directement dérivées de – la foi chrétienne. Tous comptes faits, nous sommes sur le point d’expulser de la profession médicale plusieurs membres qui sont profondément engagés à reconnaître le caractère sacré de la vie humaine. Sans une protection adéquate au niveau fédéral, la bataille pour la liberté religieuse et la liberté de conscience se déroulera au niveau provincial et territorial. Nous devons défendre la liberté des professionnels de la santé qui ont choisi de guérir et non de tuer et nous devons permettre aux établissements de santé, y compris ceux qui sont basés sur la foi, d’honorer cette mission et cet engagement.
Est-ce que ce qui est maintenant devenu légal dictera dorénavant la nouvelle moralité qui ne tolérera aucune dissension?
Bruce J. Clemenger est le président de l’Alliance évangélique du Canada. Priez pour notre travail. Vous pouvez nous suivre sur Twitter @theEFC et nous appuyer financièrement à TheEFC.ca/Donate ou au numéro sans frais 1-866-302-3362.